TADEJ POGACAR, JULIAN ALAPHILIPPE, WOUT VAN AERT, PETER SAGAN... LE BAROMÈTRE DE CE PREMIER GRAND WEEK-END DE CYCLISME


Baromertre

C'était le week-end d'ouverture en Belgique. Mais c'était surtout un week-end pléthorique, pour la petite reine, à l'échelle planétaire. De l'UAE Tour à la Drôme en passant par l'Espagne, des longues ascensions aux monts pavés en passant par les bosses pour puncheurs : il y en avait pour tous les goûts, samedi et dimanche. La saison 2022 est bel et bien lancée. Voici un premier baromètre des performances des ténors à l'œuvre ces deux derniers jours.

Tadej Pogacar… et son équipe

Il y tenait. Parce que l'UAE Tour est l'épreuve du sponsor de sa formation, briller aux Emirats arabes unis tient à cœur de Tadej Pogacar. Deuxième et battu par Adam Yates en 2020, il trône sur l'UAE Tour depuis la saison dernière. Si l'écart final (22 secondes) trahit une domination qui n'a pas été écrasante, le double vainqueur du Tour de France a maîtrisé son sujet. Son succès à Jebel Jais l'avait montré, celui de Jebel Hafeet samedi l'a confirmé. Depuis 2019, "Pogi" a participé à 16 courses par étapes, il en a remporté 9.

Et si par le passé, il pouvait douter de sa formation, Pogacar n'a plus à s'inquiéter. Bennett, Majka et Almeida (5e du général final) ont essoré le peloton dans les ascensions alors qu'entre Ardèche et Drôme ce week-end Brandon McNulty (vainqueur samedi), Juan Ayuso (5e après avoir accompagné Vingegaard dimanche) ont eux aussi fait parler d'eux.

Wout van Aert… et son équipe

Une reprise du tonnerre. Wout van Aert a remporté samedi le Het Nieuwsblad, sa première course sur route de l’année. Le champion de Belgique a été du premier coup de force des cadors à une trentaine de bornes de l’arrivée. Puis il a attaqué juste avant le Bosberg, dans le final, parvenant à surprendre ses principaux adversaires. D’autant plus fort qu'il avait la pancarte.

Le succès de "WVA" a été construit collectivement, avec notamment un très bon Tiesj Benoot. Symbole de la puissance de la Jumbo-Visma… qui s’est exprimée sur plusieurs fronts. Dimanche, Christophe Laporte a pris le relais lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne et a démontré une excellente condition physique. Repris dans le sprint et 8e, le Français a tout de même marqué des points pour ses débuts dans l’armada néerlandaise.

Sur une épreuve très différente, Jonas Vingegaard a aussi impressionné. Le grimpeur de 25 ans a remporté une édition débridée et relevée de la Drôme Classic, dimanche. La Jumbo-Visma n’avait toujours pas gagné cette saison, hors championnat national. Van Aert et Vingegaard y ont remédié, et cela ne fait sans doute que commencer.

Alejandro Valverde

Papy a toujours la forme ! Que n'a-t-on pas dit d'Alejandro Valverde tout au long de son interminable carrière ? Il avait promis que 2021 serait sa dernière année, le coureur de 41 ans (42 fin avril) a prolongé le plaisir pour 2022. Et de plaisir il a été question en Galice ce week-end. Sur le Gran Camino, nouvelle épreuve par étapes espagnole, Valverde a fait du… Valverde. Quatre étapes autant de Top 3 pour un succès et surtout la victoire au général à l'issue d'un contre-la-montre final maîtrisé. Inusable !

ILS SE SONT MONTRÉS

Julian Alaphilippe

Du pur Julian Alaphilippe. Le double champion du monde en titre a été très en vue sur les routes ardéchoises et drômoises ce week-end, sans pour autant claquer un bouquet. Un résumé à l’image de son début de saison, vierge de victoire. On a l’habitude de le voir ainsi, offensif mais pas toujours avec succès, surtout quand il est à quelques semaines d’un grand objectif. Ce qui est le cas, à trois semaines de la Primavera, notamment.

Samedi, Alaphilippe (Quick Step Alpha Vinyl) a tout fait péter lors de la Faun-Ardèche Classic, puis il n’a pas tant que cela pesé sur le final. Dimanche, il a entrevu la victoire, ou du moins le podium avant d’être rattrapé par les crampes dans l’ultime raidard, prenant la cinquième place. La star du cyclisme français (entre autres) va maintenant prendre la direction de l’Italie, pour le triptyque Strade Bianche - Tirreno-Adriatico - Milan-Sanremo. Il devrait encore y montrer le maillot… et cette fois lever les bras ?

Guillaume Martin

On attendait Julian Alaphilippe, nous l'avons vu. Benoît Cosnefroy s'est lui aussi montré, mais le Français le plus offensif et le plus en forme ce week-end entre Ardèche et Drôme portait un maillot rouge et blanc, celui de la Cofidis. Cinquième samedi à bonne distance de Brandon McNulty vainqueur, Guillaume Martin a encore été très bon dimanche sur la Drôme Classic. Suivre Alaphilippe dans le Mur d'Allex lui a demandé un énorme effort mais c'est bien lui qui a pris la deuxième place derrière Jonas Vingegaard. On ne serait d'ailleurs pas loin de penser qu'il était aussi fort que le Danois.

Adam Yates (et Luke Plapp)

Voilà désormais trois saisons qu'Adam Yates a pris ses habitudes aux Emirats Arabes Unis pour sa reprise. Le Britannique d'INEOS Grenadiers, qui fait souvent de la Vuelta un objectif en fin de saison, aime cette reprise tardive, quasiment à la fin février. 2022 n'a pas dérogé à la règle même s'il est tombé, comme l'an dernier, sur un Tadej Pogacar intouchable. Mais derrière le Slovène, il y avait Yates (2e des deux arrivées en altitude) puis les autres. Chez INEOS, on notera aussi la très belle tenue du tout récent champion d'Australie Luke Plapp. A 21 ans, il disputait sa première course World Tour et l'a achevée avec une 5e place sur l'étape-reine.

Arkéa-Samsic

Le plein de points UCI et de confiance. Dans le sillage de la très bonne entame de saison de Nairo Quintana, l’équipe Arkéa-Samsic a réalisé un week-end impressionnant de densité, à défaut d’être gagnant. Elle a placé trois coureurs dans le "Top 7" de Kuurne-Bruxelles-Kuurne : Hugo Hofstetter (3e), Dan McLay (4e) et Amaury Capiot (7e). Warren Barguil a quant à lui fait 8e et 9e en Drôme-Ardèche.

Fabio Jakobsen

Le sprinter du début de saison, c'est lui. Personne n'a autant gagné (5) et sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, il a maté Caleb Ewan (Lotto-Soudal). Alors que trois fuyards faisaient craindre le pire pour les sprinters et que son équipe, Quick Step Alpha Vinyl, a grillé des cartouches très tôt pour revenir, Jakobsen n'a pas paniqué et il a été récompensé. Grâce à lui, Patrick Lefevere n'achève pas le weekend d'ouverture en Belgique sans succès.

Matteo Trentin

Un seul homme a terminé dans le "Top 10" du Het Nieuwsblad et de Kuurne-Bruxelles-Kuurne : Matteo Trentin. Le polyvalent coureur d’UAE Emirates a seulement signé une 7e puis une 9e place, mais l’impression qu’il a dégagée témoigne de bien meilleurs augures pour sa campagne de classiques. Il a été à l’attaque samedi et dimanche, prenant le risque de perdre pour gagner, avant donc de trouver les ressources de glaner des places d’honneur.

ILS ONT ÉTÉ DISCRETS

Primoz Roglic

Petite ombre au tableau pour la Jumbo-Visma : Primoz Roglic n’a pas été rayonnant ce week-end. Engagé sur les mêmes courses que Julian Alaphilippe, il les a terminées aux 28e et 26e rangs. La carte Vingegaard a été abattue avec succès par sa formation, mais le triple tenant de la Vuelta a donc débuté sa saison sur un tempo modéré. Il est pourtant habitué à ne pas trop calculer, à énormément gagner.

L’inquiétude est cependant encore loin de poindre pour Roglic. D’une part, il n’a pas fait gruppetto samedi et dimanche, sur les parcours escarpés qui lui étaient proposés. D’une autre, ce duo d’épreuves ressemble à un ajout "bonus" à son calendrier. L’an dernier, il avait par exemple repris à Paris-Nice. Cette année, il s’est octroyé une mise en jambes, juste avant la "course au soleil" (6-13 mars). Il y sera plus concrètement jugé.

Peter Sagan

Un premier rendez-vous manqué dans les grandes largeurs. Après des débuts timides avec la TotalEnergies lors du Tour des Alpes Maritimes et du Var, Peter Sagan était très attendu lors des premières courses en Belgique ce week-end. Le triple champion du monde (2015, 2016, 2017) n’a pas répondu présent : 98e du Het Nieuwsblad, 117e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, et le sentiment qu’il a subi les événements.

La préparation de Sagan a été perturbée par le Covid-19. Son retard de forme n’est pas une immense surprise… mais le voici brutalement confirmé. Anthony Turgis a été à peine plus saignant. Les pavés réservent leur lot d’incertitude et tous deux n’ont pas été épargnés par les pépins mécaniques, mais ce n’est pas rédhibitoire, comme l’a prouvé Victor Campenaerts (Lotto Soudal), 5e samedi après moult mésaventures. TotalEnergies et Sagan ont du boulot.

Bryan Coquard

Pour être tout à fait juste avec Bryan Coquard, il n'a jamais brillé sur le week-end d'ouverture en Belgique. Ses 41e et 40e places sur le Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne ne sont donc pas à proprement parler des échecs. Mais, avec la forme qu'il affichait sur le début de saison, on attendait mieux du nouveau sprinter de Cofidis. Au moins sur la deuxième des deux épreuves belges qui s'est achevée par un sprint. Présent, Coquard n'a pas joué sa chance. Frustrant.

Groupama-FDJ

Classer la Groupama-FDJ de ce côté du baromètre est sans doute un peu sévère pour Stefan Küng (12e du Het Nieuwsblad) qui s'est beaucoup montré en Belgique ce week-end. Mais c'est l'impression globale laissée par la bande à Marc Madiot qui laisse dubitatif. Contrairement à AG2R-Citroën, Cofidis ou Arkéa-Samsic, les Groupama n'ont pesé sur aucune course. A leur décharge, ni Thibaut Pinot, ni David Gaudu, ni Arnaud Démare n'étaient sur les routes ce week-end.