Merckx, Van Impe, Hinault et LeMond

 

 

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Il y a 50 ans, Eddy Merckx clap 2e !

En 1970, avant de remporter le Tour de France pour la deuxième fois consécutive, Eddy Merckx a remporté Paris-Roubaix (où il a relégué Roger De Vlaemick 2e à plus de 5 minutes), Gand-Wevelgem, la Flèche Wallonne, Paris-Nice et le Tour d’Italie !

Cette fois il ne gagne la Grande Boucle " que " avec 12 minutes d’avance. C’est six de moins que l’année précédente mais avec huit victoires d’étapes soit deux de plus. Et certains y voient déjà le signe d’un premier déclin. Contrairement à 1969, cette fois personne n’a marché sur la lune et en juillet 1970 il n’y avait que Merckx. Un Eddy jeune papa d’une petite Sabrina depuis le 2 février.

Le Tour part de Limoges, la capitale de la porcelaine dont le champion local est Raymond Poulidor. Au programme, 23 jours de course consécutifs (dont cinq avec deux demi-étapes), et pas une seule journée de repos. Eddy Merckx remporte le prologue, entre en Belgique en jaune et son équipe Faemino survole le contre-la-montre par équipes. Eddy remporte huit étapes et ne cède le maillot jaune qu’à son équipier Italo Zilioli. Merckx remporte le classement final, celui du meilleur grimpeur et le maillot blanc du combiné. Il ne laisse que le maillot vert à son compatriote Walter Godefroot. Que penser de sa présumée défaillance dans le Mont Ventoux au sommet duquel il s’effondre avant de monter dans l’ambulance alors que quelques instants plus tôt il avait eu la lucidité et l’élégance de se découvrir devant le monument de Tom Simpson ? Du bluff ? " J’en ai remis une petite couche, j’en avais assez des interviews, je voulais regagner mon hôtel le plus vite possible ". Ses performances en montagne n’ont toutefois plus le même éclat mais personne ne fait encore le lien avec sa terrible chute à Blois, le 9 septembre dernier. Après avoir triomphé avec 12’51 d’avance sur Joop Zoetemelk, Eddy aura cette conclusion : " C’était une bonne édition mais j’ai souffert beaucoup plus qu’en 1969 ".

 

Lucien Van Impe : le premier à porter le maillot à pois sur les champs Elysées

Lucien Van Impe, " Le Petit Prince de la montagne " est le dernier coureur belge à avoir remporté la Grande Boucle, le seul depuis Merckx. C’était en 1976. Cela fait donc 44 ans que la Belgique attend son successeur. Élu six fois roi de la montagne à une époque où les candidats à la victoire finale sur la Grande Boucle visaient aussi ce classement annexe, il restera à jamais le tout premier à avoir ramené le maillot à pois, créé en 1975, sur les champ Elysées. Tout un symbole !

Lors du Tour de France 1971, Lucien Van Impe est l'allié de Luis Ocana lorsque l’Espagnol relègue Merckx à près de neuf minutes. A l’issue du Tour de France 1975 que Van Impe termine à la troisième place, derrière Bernard Thévenet et Merckx, Jean Stablinski, son directeur sportif, est formel " Je suis convaincu que Lucien a l’étoffe d’un vainqueur du Tour ".

En 1976, " le ouistiti " des cimes entame son huitième Tour. Il a 29 ans. Cette année-là, ses rivaux s’appellent Thévenet, Zoetemelk, Ocana, Poulidor et Kuiper. Blessé à la selle, Eddy Merckx renonce. Vainqueur du prologue à Saint-Jean-de-Monts, le jeune Freddy Maertens rafle tout : huit étapes (comme Charles Pélissier et Merckx) et le maillot vert. Il porte aussi le maillot jaune jusqu’au soir de la neuvième étape à l’Alpe d’Huez où le maillot reste sur des épaules belges, celles de Lucien Van Impe qui le cèdera quarante-huit heures à Raymond Delisle dans les Pyrénées avant de le récupérer définitivement à Saint-Lary Soulan.

En 1976, Lucien Van Impe s’impose avec 4’14 d’avance sur Joop Zoetemelk et 12’8 sur Raymond Poulidor. Il est aussi le septième roi de la montagne à gagner le Tour, comme Gino Bartali, Sylvère Maes, Fausto Coppi, Charly Gaul, Federico Bahamontes, Gastone Nencini et Merckx. 

Cette année-là, Van Impe a semblé métamorphosé par son nouveau directeur sportif Cyrille Guimard. L’influence de ce redoutable stratège sur son succès final a-t-elle été surestimée ? Et celle de son épouse, Rita, sous-estimée ? Huit fois dans le top cinq du Tour de France, six fois meilleur grimpeur, Van Impe a-t-il tiré le maximum de sa carrière ? Manquait-il d’ambition ?

 

Alpe d’Huez 1986 : sublime moment de sport ou mise en scène ?

C’est une des images les plus fortes de l’histoire du cyclisme. Bernard Hinault et Greg LeMond se donnent l’accolade à quelques mètres du but, et c’est finalement main dans la main que les deux champions franchissent la ligne au sommet de l’Alpe d’Huez. Un fair-play exemplaire ? Le respect d’une parole donnée ? Une mise en scène de leur patron, Bernard Tapie ? Une énorme opération marketing ?

L'année précédente, à l'issue de son cinquième Tour de France victorieux, Bernard Hinault avait été formel : en 1986, il aidera son jeune équipier Greg LeMond à gagner l'épreuve. Aujourd'hui, avec le recul, on peut se poser la question : entre le " J’avais donné ma parole à LeMond " de Hinault et le " Hypocrisy " de l’Américain où est la vérité ?

Bernard Hinault dispute son dernier Tour de France. Sera-t-il le premier coureur à remporter l’épreuve à six reprises ? Son principal rival est Greg LeMond, son équipier chez "La Vie Claire". A l’époque, le journal " L’Equipe " titre " L’Aigle à deux têtes ". Est-ce un signe, Hinault n’enlève pas son 6e prologue. C’est Thierry Marie (un équipier de Laurent Fignon) qui gagne à Boulogne-Billancourt. Dans les Pyrénées, entre Bayonne et Pau, Hinault attaque comme un beau diable. Il trouve en Pedro Delgado un allié idéal. Le Français laisse la victoire d’étape à l’Espagnol, s’empare du maillot jaune et relègue LeMond à 4’30. L’Américain décide alors de jouer sa propre carte entre Pau et Super-Bagnères où, bien aidé par son équipier Andrew Hampsten, il gagne et reprend presque le temps perdu la veille sur Hinault. Il n’est désormais plus qu’à 40 secondes. Dans les Alpes, Hinault semble moins fringant. Entre Gap et Serre-Chevalier, LeMond reprend deux bonnes minutes au Français et lui chipe le maillot jaune. Le lendemain c’est la grande étape Briançon-L’Alpe d’Huez avec au menu le Galibier et la Croix de Fer. Les deux champions sont nettement au-dessus du lot. Après avoir descendu le Galibier à une allure vertigineuse (certains affirment que le compteur des voitures dépassait les 100 km/h), ils se présentent au pied de la montée finale vers la station de l'Alpe d'Huez. Tout le monde attend avec impatience et même une certaine fébrilité l'explication finale entre les deux meilleurs coureurs de ce Tour. Mais il ne se passe rien. Dans la roue du Blaireau, LeMond semble terrorisé par la foule compacte, toute dédiée à la cause du Français. Il n'y a même pas de sprint. Hinault, dossard numéro un, vêtu du très coloré maillot du combiné et LeMond, dossard numéro sept, tunique jaune sur les épaules, franchissent la ligne d'arrivée dans l'allégresse, main dans la main, comme l'avaient fait Antonin Magne et André Leducq en 1938.

Greg LeMond a gagné le Tour. Il devient le premier américain en jaune à Paris. Hinault se console (?) en décrochant son premier Grand Prix de la Montagne et le jeune Belge Eric Vanderaerden remporte le maillot vert.